« 65 % des entrepreneurs s’inquiètent de l’avenir de leur entreprise au quotidien »

Dans notre pays, pas moins de 65 % des entrepreneurs se font du souci pour l’avenir de leur entreprise au quotidien. C’est ce que révèle une enquête menée par le groupe de services RH Liantis auprès de 1 568 entrepreneurs belges. Il est également frappant de noter que 6 entrepreneurs sur 10 ont éprouvé du stress de manière fréquente ou permanente au cours de l’année écoulée. Ce niveau de stress, en augmentation depuis le début de la crise du coronavirus, ne semble guère vouloir fléchir. Liantis et l’UNIZO veulent se pencher ensemble sur le bien-être mental des entrepreneurs grâce au projet « Entreprendre plus fort ensemble », soutenu par le ministre fédéral des Indépendants et des PME David Clarinval. En outre, l’UNIZO réclame un budget santé distinct pour les entrepreneurs.

5 minutes reading time Communiqué de presse 07 novembre 2022

Stress et fatigue

Dans le cadre d’une enquête réalisée en collaboration avec iVOX, le groupe de services RH Liantis a sondé le bien-être mental des entrepreneurs de notre pays. Au total, 1 568 entrepreneurs ont participé à l’enquête. Pas moins de 60,5 % des répondants ont admis éprouver du stress fréquemment voire constamment, alors que 25,9 % disent en ressentir de temps en temps. S’agissant de la fatigue, 58,7 % admettent être souvent voire constamment fatigués et 29 % de temps en temps. Un autre point marquant : 49,4 % des répondants ont souvent voire constamment le sentiment d’être submergés, et pour 29,6 %, cette impression est ponctuelle. « Cela fait déjà quelques années que les crises se succèdent, ce qui impacte lourdement les entrepreneurs, non seulement financièrement, mais aussi moralement. Aucune lumière ne semble pointer au bout du tunnel », explique Karel Van den Eynde, expert des entrepreneurs indépendants chez Liantis.

Liantis constate par ailleurs que le nombre d’indépendants indiquant éprouver du stress « quasiment en permanence » est déjà en augmentation depuis quelques années et se maintient à un niveau élevé. On note une hausse significative dans notre enquête du mois d’avril, un mois à peine après le début de la guerre en Ukraine.

Hausse des coûts (de l’énergie)

La succession de crises surtout engendre et maintient un niveau anormalement élevé de stress chez les entrepreneurs indépendants. Ainsi, 65,7 % des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête Liantis se font du souci pour l’avenir de leur entreprise au quotidien. 60 % déclarent en outre que la hausse des coûts à laquelle ils doivent faire face les empêche littéralement de dormir.

Selon une étude de la Banque nationale, les frais d’électricité pour les entreprises ont plus que doublé depuis le début de cette année. Pour le gaz naturel, la facture est multipliée par 2,5. Les coûts des matières premières et du transport affichent eux aussi une hausse moyenne de 63 % par rapport à l’an dernier. Les entrepreneurs parviennent difficilement à refacturer ces coûts.

Danny Van Assche : « Les PME de moins de dix travailleurs peuvent à peine refacturer 40 % de ces augmentations de coûts au client. La partie qui n’est pas répercutée les oblige à faire des économies voire à s’endetter davantage. Outre les matières premières et l’énergie, les coûts salariaux atteignent aussi des niveaux records du fait de l’indexation automatique. Ces préoccupations jettent une chape de plomb sur les entrepreneurs. »

Les jeunes et les indépendants à titre principal les plus touchés

Les jeunes en particulier indiquent par ailleurs que leur résilience mentale est souvent mise à mal. 73,9 % des 18-30 ans déclarent éprouver du stress fréquemment voire constamment, et cette proportion diminue au fur et à mesure que les entrepreneurs prennent de l’âge. « Les jeunes sont au début de leur carrière, ils ont investi et n’ont pas encore eu l’occasion de constituer des réserves suffisantes. Se faire du souci pour l’avenir tombe sous le sens dans ce contexte », explique Karel Van den Eynde. Ce sont principalement les indépendants à titre principal qui font état de leur stress, à savoir 63,3 %, contre 48,7 % des indépendants à titre complémentaire. « Ces personnes tirent tous leurs revenus de leur activité indépendante. En temps de crise, elles éprouvent donc non seulement des craintes pour leur entreprise, mais aussi pour elles-mêmes et leur famille... », poursuit Karel Van den Eynde.

Projet « Entreprendre plus fort ensemble »

Le bien-être mental est clairement un sujet prioritaire pour Liantis et l’UNIZO. Par conséquent, les deux organisations s’engagent conjointement en faveur du projet « Entreprendre plus fort ensemble ». Ce projet bénéficie du soutien du ministre fédéral des Indépendants et des PME David Clarinval et vise à sensibiliser les entrepreneurs indépendants aux risques pour la santé mentale, à les informer et à les conseiller dans ce domaine. « Ce projet exploite les conclusions que Liantis et l’UNIZO ont tirées du précédent projet “L’indépendant résilient” lancé en 2019. Il va notamment s’intéresser à la valeur ajoutée d’un coaching de groupe et s’attachera à concevoir un baromètre du bien-être », selon Liantis et l’UNIZO. « Nous voulons également ancrer l’intérêt pour le bien-être mental de façon plus structurelle dans notre fonctionnement. »

L’UNIZO réclame un budget santé pour les entrepreneurs

Le trajet Retour au travail pour les indépendants, mis au point à l’instigation de l’UNIZO, est déjà un pas dans la bonne direction. Désormais, les indépendants peuvent bénéficier d’un accompagnement plus structurel pour reprendre le travail après une incapacité de travail. C’est un point positif, mais il vaut toujours mieux prévenir que guérir. L’UNIZO plaide dès lors en faveur d’un renforcement de la politique de santé pour les indépendants.

« Ce budget mis à la disposition de l’indépendant par la sécurité sociale permettra d’investir dans la prévention et le bien-être au cours de la carrière. Il permettra de solliciter une aide spécialisée et de résoudre à temps et de façon appropriée les problèmes pouvant engendrer une incapacité de longue durée, comme la pression au travail ou la charge émotionnelle. Un budget santé de ce type est avant tout un investissement, mais il sera rentabilisé grâce à des indépendants en meilleure santé et à une diminution des dépenses liées à l’incapacité de travail. » L’UNIZO réclame un budget de départ de 1 000 euros pouvant être étoffé en cours de carrière.