4 victimes d’accidents du travail graves sur 10 étaient en service depuis moins d’un an

En 2022, pas moins de 42 % collaborateurs en service depuis moins d’un an ont été victimes d’un accident du travail grave. C’est ce que révèle une analyse des accidents du travail examinés. Le nombre d’accidents du travail se maintient au même niveau qu’en 2021. « La pression élevée au travail et la pénurie de main-d’œuvre jouent certainement un rôle dans les chiffres. Nous devons toutefois tout mettre en œuvre pour les faire reculer. »

3 minutes reading time Bien-être au travail 25 avril 2023

Accidents graves du travail

En 2022, le service de prévention externe agréé Liantis a examiné 678 cas d’accidents graves du travail survenus chez des employeurs belges. On entend par là les accidents du travail avec une issue fatale ou les accidents entraînant des lésions graves ou permanentes. Liantis a procédé à cette analyse à l’occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, le 28 avril, une initiative de l’Organisation internationale du Travail.

En 2021, 679 accidents ont été recensés, ce qui correspond au nombre le plus élevé enregistré ces cinq dernières années. Même si le nombre d’accidents du travail graves n’a pas réellement diminué en 2022, le service de prévention rapporte un nombre moins élevé de décès. Ainsi, l’année dernière, cinq personnes ont perdu la vie, contre huit en 2021. « Nous constatons également une légère diminution du nombre de victimes confrontées par la suite à une incapacité permanente. Dans l’absolu, nous pouvons évoquer prudemment une évolution positive, mais il est évident que toute victime est une victime de trop », souligne Bart Geerts, team leader sécurité au travail chez Liantis.

Blessures les plus fréquentes

Comme les années précédentes, le top trois des blessures les plus fréquentes comprend les fractures en première position (69,8 %), suivies par les brûlures (15 %) et les amputations traumatiques (4,9 %), comme la perte de phalanges. Bart Geert ne s’en étonne pas : « Les fractures et les brûlures peuvent survenir n’importe où, il ne faut pas spécialement se trouver sur un lieu de travail dangereux. Une chute malheureuse au bureau ou une tasse de café trop chaude peuvent suffire pour provoquer de telles blessures. »

Le rapport indique également que dans la majorité des cas, il est question de la perte de contrôle d’une machine (29,2 %) ou d’une chute de hauteur (27,3 %), deux causes responsables conjointement de plus de la moitié des accidents du travail graves. « Il ne faut pas nécessairement se ruiner pour améliorer sensiblement la sécurité. Des mesures très simples, comme une signalisation claire, des harnais de sécurité et une formation peuvent faire la différence et permettre d’éviter un accident mortel », explique l’expert Bart Geerts.

L’expérience reste un facteur déterminant

Contrairement à l’âge, le nombre d’années de service dans l’entreprise est le facteur le plus déterminant. Ainsi, en 2022, quatre accidents sur dix (42,2 %) impliquaient des collaborateurs en service depuis moins d’ un ans. Sept accidents sur dix impliquaient des collaborateurs en service depuis moins de cinq ans. « L’âge moyen des victimes est de 40 ans. Les nouveaux venus au travail ne sont donc pas nécessairement les plus jeunes. Nous constatons également qu’à partir de la cinquième année de service, le nombre d’accidents diminue nettement. Une formation poussée à la sécurité pour les nouveaux collaborateurs est donc primordiale », poursuit Bart Geerts de Liantis.

Responsabilité partagée

Bart Geerts ne se prononce pas sur qui assume la plus grande part de responsabilité. « Parfois, on voit que les employeurs investissent dans la sécurité, alors que certains collaborateurs ne la prennent pas tellement au sérieux. Si le matériel de sécurité mis à disposition n’est pas utilisé correctement, par exemple parce qu’un travailleur veut terminer une tâche en vitesse le vendredi soir, cela peut entraîner des conséquences désastreuses. Les employeurs et les travailleurs partagent donc cette responsabilité », conclut l’expert.